lundi 6 octobre 2008
Même genre de gueste-house, même repas (riz, lentilles, légumes), même chaleur humaine. Sauf que Gaelle est un peu malade du ventre, rien de grave, ça ne durera qu’un jour et une nuit. Le deuxième jour de marche, c’est bien plus difficile. On a un col a plus de 5000m d’altitude a passer et …on les sent passer !
Deux de nos quatre chevaux, bien charges, qui grimpent peniblement le col.
Il y a de la neige, mais il ne fait pas froid. Depuis le col, on termine les 250m de denivellee négative en parapente.
Vue depuis le col.
On arrive donc a Nimaling, a 4800m ! Ici, il fait froid. Surtout la nuit. -10 degrés au moins. La rivière gèle la nuit ! La brise froide descend des pentes enneigées et gèle tout ce qui est resté humide dehors, et même dans les tentes : eau des gourdes, gant et serviette de toilette,… Le lendemain, les rayons du soleil nous réchauffent vite. Mais pour faire la vaisselle de la veille dans la rivière, il faut se motiver ! L’eau transit les mains ; quand on le ressort, on a des paillettes de glace sur la peau, la vaisselle, au lieu de sécher, gele ! Un bon thé pour se réchauffer… mais il faut parvenir a faire marcher ce réchaud au kérosène indien ! On doit appeler plusieurs fois le gars de la tente-shop à la rescousse ! Ce réchaud, ça sent mauvais, c’est sale et c’est surtout très technique. Il parait que c’est mieux que le gaz en altitude. Mais on arrive à se faire de bons petits plats, grâce a Sergi, fin cuisinier des montagnes. Nous resterons 4 nuits à Nimaling ! Kristin est partie pour la Markha Valley, plus au chaud. L’alpinisme ne le tente pas.
Le Kang Yatse, magnifique, depuis notre camp.
Pour nous, ce fut une vraie expédition mais pas comme prévu… malheureusement. La deuxième nuit, après un jour de repos au camp, nous nous réveillons a minuit pour tenter l’ascension du Kang Yatse. Mais, mauvaise nouvelle, Xavi est malade. Impossible pour lui de partir, des qu’il marche, ça lui tord les boyaux. On pourrait partir a 3, mais ce serait dommage. Déjà un, on est une team, de plus, un jour de plus d’acclimatation ne fera pas de mal, et surtout, si on par a 3, adieu la possibilité de décoller du sommet : Sergi ne peut pas redescendre seul le glacier. Un bon chocolat chaud et on retourne donc se coucher. Le lendemain, les 3 les plus en forme vont se promener au dessus du camp, chaussés des Koflach (chaussures d’alpinisme en plastique). La neige est poudreuse, ce qui ne laisse présager rien de bon pour l’ascension : faire la trace dans la neige molle, ça fatigue très vite et le glacier peut être avalancheux. Le moral n’est donc pas au plus haut, même si nous avons pu nous élever un peu en rentrant de notre ballade en parapente. Et le décollage fut tendu, il a fallu s’y reprendre a deux fois, avec un « pique-du-nez » dans la neige entre 2 ! Vent de cul, neige molle et faible densité de l’air due a l’altitude… que de facteurs négatifs a la fois ! Mais on a réussi, après avoir passe un quart d’heure a damer une piste d’envol…
Troisième nuit, on loupe le réveil et on se lève avec 2 heures de retard !... Décidément ! Mais, on se motive et on part. Une vieille trace gelée et toute cabossée nous guide dans la nuit noire. Nos frontales se dandinent en file indienne (!). Il ne fait pas trop froid, même si le thé bouillant des gourdes devient vite tiède. Le chemin est, comme prévu, peu évident : parfois le pied se pose sur de la neige dure, parfois il s’enfonce dans la neige molle ou croûtee, parfois il glisse sur les gratons… Au bout de 3h30 de marche, Sergi s’arrête, la loi de séries : il se sent tout a coup très fébrile et malade,… au ventre. Il peinera d’ailleurs à redescendre. Nous continuons a 3, en sachant que le vol du sommet, c’est fini. L’aube arrive, et avec elle des jeux de lumière sur la foret de pointes rocheuses si colorees, des massifs alentours. Ca remet du baume au coeur.
Nous approchons du glacier, mais Xavi, notre dernier guide, fatigue enormement. La journée d’hier, au lit et au régime sec, l’a beaucoup affaibli. Cette fois, on dit adieu… au sommet. De toute façon, la neige du glacier dessine des plaques qui pourraient bien partir en avalanche. Donc pas de regret. On décide donc de décoller depuis un dôme assez raide, en dessous du glacier, a 5500m. Un beau vol de haute altitude quand même. On rentre au camp, contents de pouvoir faire une sieste dans nos sacs de couchage posés au soleil.
Le troisième jour dans la vallée nous permettra d’accéder a Chilling, un village pas plus gros que les autres, mais qui est sur une route.
Pour y parvenir, nous avons fait la route ce matin depuis notre guest-house jusqu'à la route, accompagnés des travailleurs qui allaient au boulot. Il leur faudra au moins 1h30 a pied pour s’y rendre ! Et le travail qui les attend est dur et pénible : construire la route, dans la poussière et en plein soleil. Mais eux, ils rigolent sur le chemin et discutent avec nous. Avant la route, il faut traverser un fleuve, le Zanskar. Et comment, puisqu’il n’y pas de pont ? Avec une cage suspendue a un câble, qu’ils tirent depuis l’autre rive ! Nous traversons donc ainsi la rivière et continuons notre chemin. A Chilling, pas un chat, ou presque ! Pas de téléphone non plus ! Comment faire pour qu’une jeep vienne nous chercher. En ete, des touristes arrivent tous les jours et on peut repartir avec leur 4x4. Mais la… Un homme s’approche et nous lui expliquons notre situation. Coup de chance, il attend des touristes d’ici une heure. Ouf ! Nous arrivons donc finalement a Leh, ou nous retrouvons notre équipe au grand complet, ainsi que nos amis Ladakhis. On va fêter tout ça ce soir, si on a encore un peu d’énergie, et profiter a fond des derniers moments a Leh, ville ou nous aurons finalement séjourné un mois…