lundi 6 octobre 2008

Le quotidien en voyage. Mais qu’est-ce qu’ils peuvent bien faire de leurs journees ?
Et bien deja, on passe un temps fou sur Internet, pour vous !! C’est pire qu’a la maison… Mais, c’est tout : pas de TV, de jeux video. Ouf ! On passe du temps au restau aussi ; pour commander, il faut bien prevoir une demie-heure. C’est un peu long surtout quil n’y a pas d’apero possible ici ! Ah si, le the… ou le banana lassi, une specialite au lait mousseux, mhhh delicieux. Ca ressemble un peu au milk-shake. On fait notre lessive, dans le saut de la salle de bain ou dans le riviere. On attends que ca seche pour laver le reste. Autant dire qu’on est pas aussi frais qu’en France ou on n’a qu’a mettre le linge dans la corbeille, attendre que ca fasse un tas (puisqu’on a plein d’autres affaire dans le placard, meme si on a jamais ce qu’on veut !!). Vous pourrez remarquer sur les photos que nous sommes habilles soit d’une facon, soit d’une autre ! C’est deja bien qu’on ait une tenue de rechange (qui fait accessoirement office de pyjama!), non ? On se promene dans les rues, on croise des amis, on va faire voler des gens, on se donne rendez-vous auquel on attend 30mn a 1h la personne… Oui, ici le temps est beaucoup plus long ! On fait la sieste, on va acheter un billet d’avion ou de bus, on revient voir nos mails, on va voir les agences de trek pour organizer un depart ou louer du materiel, on y retourne 2h plus tard parce qu’ils n’avaient pas tout. Puis il y a un changement de programme, alors on reprend tout depuis le debut, on attent sur une terrasse avec un tchai et des copains, on parle de la soiree qu’on veut faire ce soir, on va visiter un gompa (monastere), on essaie de trouver d’ou vient la musique qu’on entend depuis tout a l’heure. Ah c’est la ! Genial, des danses folkloriques ! On prend des photos, on flime. Oh, la camera ne marche plus, on va la faire reparer. Il faut aussi passer chez le tailleur pour faire enveloper le colis qu’on essaie d’envoyer depuis 3 jours… Mais aujourd’hui on part en trek, c’est le grand remue-menage, il faut faire les sacs, laisser ce qu’on peut a la guest-house, envoyer vite un mail pour prevenir la famille de notre “absence”. A bientot, donc !!
Trek au Kang Yatse et Markha Valley
Nous voici de retour en ville, après un magnifique trek de 8 jours dans les belles montagnes du Ladakh. Nous sommes partis a 5, avec deux amis guides espagnols, Sergi et Xavi, ainsi que Kristin, une allemande, meme si chacun a fait son bout de chemin de façon differente.

De gauche a droite : Xavi (prononcer Chavi), Alexis, Sergi et Kristin ( Gaelle est au lit un peu malade...)
Xavi et sa tete de vainqueur !
Première partie : approche du Kang Yaste. Nous sommes donc partis le dimanche midi en jeep pour Shang Sumdo, chargés comme des mules. Mais non, pas assez chargés, puisque nous avons oublié la moitie de la nourriture, entreposée dans un magasin… Un deuxième aller-retour a Leh, donc, pendant que 3 d’entre nous s’installaient dans la guest-house et discutaient pour trouver des chevaux. La famille est vraiment sympathique et nous les aidons au travail des champs : retourner l’orge coupe a l’aide d’une fourche, pendant des heures, afin d’en faire tomber les grains ! Ici, tout est un travail de titan, tout prend du temps et de l’énergie. Mais ils ont tout ça : quand on voit les mamies travailler aussi dur que les jeunes ! Wahou, c’est impressionnant ! Pas de retraite ici, on aide tant qu’on peut et c’est tout ! Le lendemain, seulement 2 petites heures de marches pour accéder au village suivant.

Même genre de gueste-house, même repas (riz, lentilles, légumes), même chaleur humaine. Sauf que Gaelle est un peu malade du ventre, rien de grave, ça ne durera qu’un jour et une nuit. Le deuxième jour de marche, c’est bien plus difficile. On a un col a plus de 5000m d’altitude a passer et …on les sent passer !

Deux de nos quatre chevaux, bien charges, qui grimpent peniblement le col.

Il y a de la neige, mais il ne fait pas froid. Depuis le col, on termine les 250m de denivellee négative en parapente.

Vue depuis le col.

On arrive donc a Nimaling, a 4800m ! Ici, il fait froid. Surtout la nuit. -10 degrés au moins. La rivière gèle la nuit ! La brise froide descend des pentes enneigées et gèle tout ce qui est resté humide dehors, et même dans les tentes : eau des gourdes, gant et serviette de toilette,… Le lendemain, les rayons du soleil nous réchauffent vite. Mais pour faire la vaisselle de la veille dans la rivière, il faut se motiver ! L’eau transit les mains ; quand on le ressort, on a des paillettes de glace sur la peau, la vaisselle, au lieu de sécher, gele ! Un bon thé pour se réchauffer… mais il faut parvenir a faire marcher ce réchaud au kérosène indien ! On doit appeler plusieurs fois le gars de la tente-shop à la rescousse ! Ce réchaud, ça sent mauvais, c’est sale et c’est surtout très technique. Il parait que c’est mieux que le gaz en altitude. Mais on arrive à se faire de bons petits plats, grâce a Sergi, fin cuisinier des montagnes. Nous resterons 4 nuits à Nimaling ! Kristin est partie pour la Markha Valley, plus au chaud. L’alpinisme ne le tente pas.

Le Kang Yatse, magnifique, depuis notre camp.

Pour nous, ce fut une vraie expédition mais pas comme prévu… malheureusement. La deuxième nuit, après un jour de repos au camp, nous nous réveillons a minuit pour tenter l’ascension du Kang Yatse. Mais, mauvaise nouvelle, Xavi est malade. Impossible pour lui de partir, des qu’il marche, ça lui tord les boyaux. On pourrait partir a 3, mais ce serait dommage. Déjà un, on est une team, de plus, un jour de plus d’acclimatation ne fera pas de mal, et surtout, si on par a 3, adieu la possibilité de décoller du sommet : Sergi ne peut pas redescendre seul le glacier. Un bon chocolat chaud et on retourne donc se coucher. Le lendemain, les 3 les plus en forme vont se promener au dessus du camp, chaussés des Koflach (chaussures d’alpinisme en plastique). La neige est poudreuse, ce qui ne laisse présager rien de bon pour l’ascension : faire la trace dans la neige molle, ça fatigue très vite et le glacier peut être avalancheux. Le moral n’est donc pas au plus haut, même si nous avons pu nous élever un peu en rentrant de notre ballade en parapente. Et le décollage fut tendu, il a fallu s’y reprendre a deux fois, avec un « pique-du-nez » dans la neige entre 2 ! Vent de cul, neige molle et faible densité de l’air due a l’altitude… que de facteurs négatifs a la fois ! Mais on a réussi, après avoir passe un quart d’heure a damer une piste d’envol…

Troisième nuit, on loupe le réveil et on se lève avec 2 heures de retard !... Décidément ! Mais, on se motive et on part. Une vieille trace gelée et toute cabossée nous guide dans la nuit noire. Nos frontales se dandinent en file indienne (!). Il ne fait pas trop froid, même si le thé bouillant des gourdes devient vite tiède. Le chemin est, comme prévu, peu évident : parfois le pied se pose sur de la neige dure, parfois il s’enfonce dans la neige molle ou croûtee, parfois il glisse sur les gratons… Au bout de 3h30 de marche, Sergi s’arrête, la loi de séries : il se sent tout a coup très fébrile et malade,… au ventre. Il peinera d’ailleurs à redescendre. Nous continuons a 3, en sachant que le vol du sommet, c’est fini. L’aube arrive, et avec elle des jeux de lumière sur la foret de pointes rocheuses si colorees, des massifs alentours. Ca remet du baume au coeur.

Nous approchons du glacier, mais Xavi, notre dernier guide, fatigue enormement. La journée d’hier, au lit et au régime sec, l’a beaucoup affaibli. Cette fois, on dit adieu… au sommet. De toute façon, la neige du glacier dessine des plaques qui pourraient bien partir en avalanche. Donc pas de regret. On décide donc de décoller depuis un dôme assez raide, en dessous du glacier, a 5500m. Un beau vol de haute altitude quand même. On rentre au camp, contents de pouvoir faire une sieste dans nos sacs de couchage posés au soleil.
Depuis le decollage.
Dans l’après-midi, Xavi descend chercher le horseman, car ils préfèrent rentrer au plus vite. Ils avaient prévu de rentrer dans 5 jours seulement, mais leur état de santé et les conditions de neige les font changer d’avis. Nous, nous avons pris la décision de rallonger un peu notre expédition en partant par la Markha Valley. Cette solution nous permettra de faire enfin un trek itinérant, et non pas un aller-retour. En plus, on ne sera que tous les deux, sans équipage, puisqu’il y a des guest-houses le long du chemin. On ne prendra donc que le minimum, sur notre dos.
Depart pour la Markha Valley. Dernière nuit dans le froid de Nimaling. Le lendemain, de bonne heure, nous plions nos affaires et nous voici partis pour près de 80 bornes en 2 jours et demis ; mais ça, nous ne le savons pas exactement. Cette ballade va se révéler plus fatigante que prévu, car nous avalons le premier jour l’équivalent de 2 journées, soit 7h de marche d’un bon pas. Nous arrivons a Markha Village, fourbus. Les courbatures se font déjà sentir et la ceinture du sac nous a fait des bleus sur les hanches. Ouille ouille ouillle !
Mais les paysages traverses ces 2 jours seront splendides. Un temps parfait, des couleurs toujours plus belles avec l’arrivée de l’automne dans les arbres. Les gens chez qui nous logerons sont vraiment formidables. Plus le travail qu’ils doivent accomplir est difficile, plus ils chantent fort ! Et toujours le sourire aux lèvres, voire des éclats de rire quand ils voient notre tête étonnée devant leur peine. En campagne, il n’y a pas de misère : les gens ont peu, mais suffisamment pour vivre sans avoir faim. De plus, tout ce qu’ils ont est multiplié par l’amour qu’ils portent en eux. Ils s’occupent également très bien des enfants : le bébé passe de bras en bras, ils jouent avec, sans arrêt. Nous n’avons jamais vu un bébé seul dans une chaise avec un jouet a la main, comme en France. Non, ici, c’est la communication et l’échange qui les font grandir. Comme les enfants plus grands, également : pas de TV, pas de jouets débiles en forme de pistolet,… ils dansent sur la musique, jouent ensemble ou aident au champs. Beaucoup vont a l’école aussi. Dans cette région touristique, de nombreuses associations ont permis aux enfants des villages les plus recules d’avoir accès a l’éducation. Ils parlent parfois quelques mots d’anglais et nous passons des moments merveilleux avec eux.

Une pierre de priere, gravee.

Le troisième jour dans la vallée nous permettra d’accéder a Chilling, un village pas plus gros que les autres, mais qui est sur une route.

Pour y parvenir, nous avons fait la route ce matin depuis notre guest-house jusqu'à la route, accompagnés des travailleurs qui allaient au boulot. Il leur faudra au moins 1h30 a pied pour s’y rendre ! Et le travail qui les attend est dur et pénible : construire la route, dans la poussière et en plein soleil. Mais eux, ils rigolent sur le chemin et discutent avec nous. Avant la route, il faut traverser un fleuve, le Zanskar. Et comment, puisqu’il n’y pas de pont ? Avec une cage suspendue a un câble, qu’ils tirent depuis l’autre rive ! Nous traversons donc ainsi la rivière et continuons notre chemin. A Chilling, pas un chat, ou presque ! Pas de téléphone non plus ! Comment faire pour qu’une jeep vienne nous chercher. En ete, des touristes arrivent tous les jours et on peut repartir avec leur 4x4. Mais la… Un homme s’approche et nous lui expliquons notre situation. Coup de chance, il attend des touristes d’ici une heure. Ouf ! Nous arrivons donc finalement a Leh, ou nous retrouvons notre équipe au grand complet, ainsi que nos amis Ladakhis. On va fêter tout ça ce soir, si on a encore un peu d’énergie, et profiter a fond des derniers moments a Leh, ville ou nous aurons finalement séjourné un mois…